Ca commence sournoisement avec la perspective d'une soirée douce et sans nuage.
Une
sorte de malaise s'esquisse, l'envie de se projeter autrement dans le
futur proche avec comme unique but : le plaisir. L'idée se précise, le
parcours se dessine dans la tête, l'esprit commence à se remplir des
images et des sons. L'envie monte, grandissante et s'intensifie encore
et encore, à force d'y penser encore et encore.
La décision est
prise, c'est parti : le cérémonial de l'habillement commence. L'odeur
du cuir, sa texture, son poids, contact froid au début mais tellement
sensuel, son craquement tellement caractéristique quand on le réajuste.
Ca y est, c'est fait. Toujours ce malaise confus, entre excitation et
envie, qui pince le cœur.
Allez, on s'approche de la machine.
Chaque redécouverte de l'objet est une fête, sa stature est compacte et
agressive, ses courbes aguichent l'œil. Je tourne autour en effleurant
le réservoir de la main : c'est froid mais c'est doux, tout est nickel.
Contact,
clac, les voyants s'illuminent, l'initialisation commence : le petit
sifflement de la pompe donne déjà la mesure de
l'aboutissement de l'objet. Complexe et efficace. J'appuie sur le
démarreur. Une seconde de sifflement du démarreur et le concert
commence!! Un grondement assourdissant et bestial naît sous les flancs
du carénage et éclate à chaque orifice d'échappement. La bête se
réveille.
Les vibrations générées par les coups de boutoirs des
4 cylindres passent par le sol et remontent par mes bottes, les
claquements de ce métronome monstrueux envahissent mes tympans.
ça fait peur. Un souffle puissant est expulsé par les 2 gueules béantes
et sombres de l'échappement et repousse violemment ma main par saccade
au rythme du moteur. Petit coup d'oeil sur le témoin de température,
allez, encore une ou deux minutes. J'enfile le casque, j'ajuste la
jugulaire, un gant puis l'autre. L'envie est toujours là, intacte.
J'enjambe
la machine, petit contrôle des commandes, OK, je dépose la central
Débrayage et clac, la première est engagée. Léger filet de gaz, la voix
de la bête gronde, c'est vraiment bon.
Le démarrage est lent et
progressif, même si l'on sent les coups de têtes des pistons. J'ai le
sentiment que cette machine ne demande qu'à aller de l'avant.
Progressivement, je mets les gaz et les rapports s'enchaînent. Le
couple est énorme, latent, violent, toujours prêt à s'extraire, à
jaillir . Et le son, rauque, tout en rondeur, plein. Là, je suis bien,
avec un sentiment de sécurité et de crainte mélangés tellement on
ressent ce puits de puissance qui est là, prêt à bondir si on lui en
laisse l'opportunité.
Et puis, gaz……… L'apothéose, les
vibrations du t4 pattes résonnent partout dans mon corps, l'appui sur les
bras s'allège dès que la poignée de gaz est tournée. Le moteur est
rageur, le couple violent, le son agressif et se dessine enfin
l'ampleur sauvage de la machine. L'esprit se libère et atteint le but
suprême : le plaisir. Plaisir qui puise ses ressources dans ce
sentiment ambiguë de maîtrise de la machine et de crainte qu'elle ne te
domine. Plaisir de percevoir de tous ses sens, les vibrations, le son,
les images, la vitesse, les odeurs. Plaisir de cet affrontement
permanent entre l'homme, la machine et la route. Tout s'enchaîne si
vite, avec à chaque courbe la recherche de la perfection de la
trajectoire, du rythme, avec la rage de vouloir se projeter vers la
suivante pour que cela ne s'arrête jamais. Pour que cela ne s'arrête
jamais…..
Et puis, toute chose doit finir, la bataille est
passée, il faut rentrer. Dernier petit coups de gaz pour distiller ces
derniers instants et je coupe le contact. Voilà, c'est fini. Le
pression retombe avec un peu de soulagement d'être sorti de cette joute
à la fois vainqueur et aussi vaincu. Vaincu de ne pas avoir su aller
aussi loin que l'on rêve d'aller. Mais, soulagé parce que c'est mieux
comme ça.
Mmmm....
fétichiste à tendance SM... voilà la definition du vrai motard. Ce gout
de vécu où tout le monde se reconnait (homme ou femme), à chaque sortie
moto sa dose d'erotisme. Et le meilleur !!! vient encore le lendemain
quand l'interieur des cuisses est encore douloureux d'avoir trop
etreint , que la dernière lombaire te rappelle à l'ordre et que la main
se languit ,sur le volant le lundi matin dans ton BAR , de retrouver la poignée chérie
![génial [smilie=greencolorz4_pdt_12.gif]](./images/smilies/GreenColorz4_PDT_12.gif)
Diablo